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mercredi 12 avril 2006
Esprit de clocher
J'aime le son des cloches qui résonne. Ça n'a rien de religieux, c'est plutôt que ça fait résonner chez moi quelque chose qui remonte à mon enfance. Quand j'allais visiter mes grands-parents qui habitaient un petit village en Beauce, à midi pile on entendait les cloches signaler joyeusement le milieu de la journée. Je ne sais pas pourquoi mais ça m'a marqué. Chez moi, on n'entendais jamais de cloches car on habitait en banlieue, trop loin de l'église, qui était en fait un centre communautaire (sorte d'église cheap avec des chaises plutôt que des bancs afin de pouvoir modifier la salle pour qu'elle puisse servir à d'autres usages...), ce qui n'a aucunement le charme d'un église de campagne.

Dans les villages on entend l'église de partout car l'église forme la plupart du temps le coeur du village. J'ai une relation ambiguë avec les villages. Ça aussi ça remonte à mon enfance je crois. D'un côté, il y avait cette scène dans passe-partout où une petite fille se rendait à pieds chez sa grand-mère à travers un joli petit village. Elle passait par pleins de raccourcis à travers les terrains où de petits sentiers terreux s'étaient formés avec le temps. Elle connaissait les gens qui habitaient dans chaque maison devant lesquelles elle passait. Moi, petite fille de banlieue, qui habitait dans la même ville qu'aucune de mes grands-mère et qui connaissait à peine un ou deux voisins dans ma rue, je l'enviais. J'aurais moi aussi voulue vivre dans un milieu aussi rassurant, près de pleins de personnes qui nous veulent du bien.

D'un autre côté, je crois que j'ai hérité de ma mère et de ma grand-mère, ce que j'appellerais la "paranoïa du village". C'est bien l'fun de connaître tout le monde dans le village, mais en même temps, quand tout le monde te connaît, tout le monde est porté à vouloir se mêler de ses affaires, à vouloir te juger et écornifler un peu... En conséquence, quand on est quelqu'un de fier et qu'on tien à garder une belle réputation, on fait attention à ce qu'on fait, question que tout le village ne soit pas aux courant de la couleur de nos dessous affriolants qu'on fait sécher sur la corde ou de l'heure que le plus jeune est rentré saoul comme une botte en char en reversant les poubelles, ce qui a fait tout un vacarme et réveillé tout le voisinage qui dormait les fenêtre ouvertes par cette chaude journée de juillet (dans les années 60-70, en Beauce, je dois reconnaître que c'était quand même considéré comme étant un comportement socialement acceptable... en autant que les voisins ne soient pas réveillés!) Bref, même en n'ayant jamais réellement habité un village moi-même, on m'avait inculqué la notion du manque d'intimité lié à la vie de village. Ma mère, après avoir quitté son village natal n'a jamais voulu retourner habiter un village. Les voisins envahissant et le manque de commodités à proximité, elle avait assez enduré, vive la banlieue!

Ce qui fait que moi j'ai passé mon enfance en banlieue, là où les voisins gardent une distance polie et se renouvellent aux 5 ans. Là où le monde se mêle de ses affaires et reste de son côté de clôture, à un tel point qu'on peut se sentir seul au monde et sans amis même si on est assis sur sa galerie, qu'on entend son voisin de droite tondre son gazon, qu'on hume l'odeur du steak que le voisin de gauche fait cuire sur son nouveau BBQ et qu'on reçoit presque de l'eau envoyées par les 10 enfants qui se chamaillent et crient dans la piscine du voisin d'en arrière. Ça c'est la vie de banlieue ou l'art de s'isoler dans son bungalow. Pourtant j'aime assez, même si ça manque un peu de la personnalité, de la convivialité des coquets villages.

J'ai eu l'occasion depuis que j'ai quitter la maison de mon enfance de vivre un gros 9 mois dans un village. Les notions que m'ont transmises ma mère et ma grand-mère sur les villages se sont matérialisées : j'ai eu la preuve que ma voisine d'en face m'épiait. Difficile à endurer pour une fille indépendante comme moi! En plus, j'étais l'étrangère au village. Les gens de villages se posent encore plus de questions sur ceux qui proviennent de l'extérieur et dont tous les ancêtres ne sont pas connus et enterrés dans le cimetière municipal! C'est inquiétant avoir des étrangers comme ça! D'autant plus que je n'étais pas trop du genre à m'arrêter pour raconter ma vie à chacun quand je prenais ma marche dans le village... J'ai arrêté assez vite de prendre des marches dans le village de toute façon. Et en plus il était loin d'être aussi coquet que celui de la petite fille de passe-partout, ce village!
4 Comments:
Blogger Cédric said...
Très joli tout ce que tu as écris :)

Anonymous Anonyme said...
De mon côté, on dirait que j'entends juste sonner les cloches quand le temps est pluvieux et que l'air est humide... Donc pour moi, cloches = temps gris.

En passant, tu habites Lévis?

Anonymous Anonyme said...
Il peut y avoir une certaine convivialité dans les villages qui n'est pas déplaisante , surtout quand on se retrouve entre jeunes de le même état d'esprit .
Mais c'est sur que le "qu'en dira t'on" est très développé, faut juste vivre au dessus certains jugements puérils des autres.
Je reconnais que l'intégration peut parfois être très très difficile pour ceux non issus du village, ma miss ne le vit pas forcement toujours bien actuellement , il faut juste être très patient avant de pouvoir être assimilé...

Blogger Vava said...
@cédric : merci!

@patrick : oui

@lion : euh... je crois que j'ai manqué de patience! En tous cas, je souhaite bonne chance à ta miss, au moins elle a l'avantage d'être avec habitant de la place!