Ma bulle sur le Web
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jeudi 1 juin 2006
Balade surréaliste...
Il fait beau, il fait noir, il fait chaud. Enfin. Je viens de manger mon premier cornet de crème glacée de la saison. Je marche. Je savoure ma solitude, je suis bien, tout simplement. J'ai des ampoules aux pieds, ça a pris une heure pour me rendre à la crémerie. Peu importe, ça vaut la peine de souffrir un peu pour porter de jolies sandales neuves et se balader par une si belle soirée.

Plus tôt, j'ai pris le raccourcis par le cimetière. J'aime bien les cimetières. Ça n'a rien de macabre ou de sombre comme intérêt. C'est juste que j'en apprécie la tranquillité, la verdure et l'ombrage de ces immenses arbres qu'on ne retrouve plus que dans les cimetière. Il semble que les vivants, plus souvent qu'autrement, coupent les arbres avant qu'ils n'atteignent cette envergure. Ça prend trop d'espace, ça fait trop de feuilles à ramasser à l'automne. Les morts s'en accommode plus facilement, mais ironiquement ils ne peuvent plus en profiter. Ici les hommes sont tous égaux, tous poussière. Seul les monuments différencient les riches des pauvres, les prétentieux des humbles. Mais les tombes, c'est bon pour les vivants : quand on est mort ça n'a plus aucune espèce d'importance. Cette pensée me réconforte, m'apaise. Les choses se simplifient parfois quand on change de perspective.

En revenant, je profite des derniers rayons du soleil couchant pour marcher le long du fleuve. J'adore le fleuve. L'odeur. Le son des vagues. La vue des voiliers et des reflets du soleil sur les flots. Ça aussi, ça apaise. Si jamais je me réincarne, j'aimerais bien me réincarner en animal aquatique. N'importe lequel. Peut-être même une plante. Juste pour pouvoir passer ma vie dans l'eau, enveloppée, bercée par l'humeur des courants.

Ensuite je monte les escalier et je me retrouve dans un quartier que je ne connais pas. La rue est large et des deux côtés ont retrouve de belles demeures qui doivent dater des années 50. Le quartier est calme, paisible. Je croise quelques marcheurs. Des enfants qui passent à vélo. Un couple de gens âgés qui se bercent sur la galerie. Soudain une musique émerge dans la nuit tranquille. Je m'approche, réussi à l'identifier. C'est "Emmenez-moi" de Charles Aznavour. Ça provient de l'arrière d'une maison qui semble vide, toutes les lumières sont éteintes. La musique est vraiment forte, mais cela ne semble incommoder personne. Cette musique semble tout à fait à sa place au coeur de cette soirée, parfaite. Et moi, pieds nus sur l'asphalte encore chaude (je tiens les sandales dans mes mains car elles commencent à me faire vraiment trop mal...) je me laisse emporter par ce rythme un peu mélancolique, un peu grisant. Je l'emporte avec moi jusqu'à chez moi et il longtemps me rappellera cette balade un peu surréaliste.