J'ai toujours aimé les histoires, c'est d'ailleurs pour ça que je suis totalement incapable de vivre sans livres : je dois toujours avoir une histoire qui se déroule dans ma tête en parallèle à ma vraie vie. Mais les histoires que je préfère sont les histoires de famille. Ma mère avait l'habitude de nous raconter des anecdotes qui s'étaient déroulées dans sa jeunesse, dans son enfance. Ses souvenirs m'ont toujours fascinée, j'ignore pourquoi. Probablement parce qu'ils me permettaient de m'imaginer à quoi ressemblait ma mère avant d'être une mère.
Par contre mon père est quelqu'un qui parle peu de lui, de ses émotions, un vrai homme quoi! J'ai donc toujours eu du mal à imaginer à quoi il pouvait bien ressembler quand il était plus jeune. Je sais juste qu'il a commencé travailler à 8-9 ans, qu'il se levait aux aurores pour aller "faire le train" (i.e. traire les vaches) et qu'il devait marcher je sais plus trop combien de milles pour aller à l'école. Mais je suis contente car en fin de semaine, nous avons eu l'occasion de l'entendre raconter une de ces rares anecdotes d'enfance.
"Quand ma soeur F. est née - elle est née à la maison - elle était toute petite, pâle, malade. Elle devait peser à peine 4 livres. On a dû l'amener tout de suite à l'hôpital. Maman ne pouvait pas venir, elle était trop faible. Moi, je devais avoir 9 ans, et c'est moi qui ait tenu le bébé dans mes bras tout le long du voyage pendant que l'père conduisait. À l'hôpital, il lui ont fait des transfusions de sang, je sais pas trop, mais quand elle est sortie c'était plus le même bébé. Elle avait les joues roses et avait pris du poids."Ça m'émeut de penser à ce petit garçon à qui on a confié la grande responsabilité de porter ce bébé naissant, malade et fragile. À voir le visage de mon père, on pouvait deviner la fierté qu'il avait ressenti à ce moment-là et l'amour qu'il avait (et a toujours) pour cette petite femme qu'il a tenu fort dans ses bras, un 15 janvier il y a bien des années.